La construction du Nouvel Hôpital Civil représente une véritable révolution culturelle pour le CHU de Strasbourg et plus spécifiquement pour la communauté de l’actuel Hôpital Civil. Les services ayant développé une culture indépendante, dans des pavillons distincts, vont partager un même espace, des locaux communs, des procédures communes. Ce regroupement est à même d’interroger cette identité multiple et de permettre l’émergence d’un socle de valeurs commun à ce nouvel espace.
Cette architecture, traduction des attentes actuelles envers l’hôpital contemporain (mutualisation des ressources, évolution vers l’hospitalisation de jour ou encore multiplication des chambres individuelles etc.) doit permettre d’inventer de nouvelles modalités de rencontre entre les usagers ( personnels hospitaliers, patients, visiteurs, citoyens. Elle s’inscrit également dans un schéma urbain, dans un dialogue avec la cité.
Le bouleversement institutionnel profond qu’est l’introduction d’un nouvel espace de pratique hospitalière est une remarquable occasion de s’interroger sur les moyens de créer un environnement hospitalier qui prenne soin de ses usagers.
Nous avons souhaité invité un artiste, Catherine Gier afin d'interroger cet espace dans une dynamique participative.
Une première résidence s’est déroulée au mois de mai 2005. Accompagné par l’artiste, un groupe de soignants a élaboré et expérimenté une carte du territoire de l’hôpital civil et un protocole d’actions. Du 6 au 18 octobre 2005, une trentaine d’ateliers animés par Catherine Gier, artiste plasticienne sont alors proposés à la fois aux hospitaliers mais également aux visiteurs de la cité par le biais des Journées Nationales de l’Architecture et des Journées Nationales du Patrimoine.
Par groupe d’une dizaine de personnes, elle vous propose de s’arrêter et de contempler ce territoire quotidien.
Une des particularités de cette action est de proposer un cadre pour une réflexion commune autour de notions d’espace et du temps vécu dans l’institution hospitalière. Ces dimensions sont bouleversées par l’imaginaire liés à l’émergence d’un bâtiment unique fédérant la presque totalité des services.
Ces rencontres seront l’occasion de récolter le vécu et le ressenti des expérimentateurs du protocole. Cette matière sensible permettra à l’artiste de produire un ouvrage « trace » offert à l’ensemble du personnel à l’occasion de l’inauguration du Nouvel Hôpital Civil.
La démarche artistique repose sur la volonté de Catherine GIER d’articuler son travail autour de plusieurs objectifs : - Rencontrer, et faire se rencontrer, des personnels hospitaliers dans le cadre d’une expérience singulière. - Rassembler une mémoire collective, consciemment partagée, de ces espaces de vie et de travail avant de les quitter pour le Nouvel Hôpital Civil. - Verser une trace des actions aux archives de l’Hôpital ainsi qu’à l’une des institutions artistiques partenaires de l’hôpital. - Prendre soin des personnes participantes en leur proposant un espace propice à l’écoute de soi et des autres participants sur les lieux de leur activité professionnelle. - Faire découvrir les pratiques artistiques contemporaines liées à l’espace, à l’environnement, au paysage urbain et naturel.
« Le principe initial de ces interventions consiste à se jouer d’une règle du jeu : les lieux des actions, leur durée et la portion de paysage regardée sont tirés au sort. Le quartier où j’effectue ces interventions est quadrillé, c’est moi qui ai posé les frontières, qui ai numéroté les carrefours en faisant glisser la règle sur le plan, perpendiculairement, d’est en ouest. La règle du jeu que je m’impose a pour seul but de me faire m’arrêter. Quand je m’arrête, qu’est-ce que je fais ? Qu’est-ce qui se passe si je ne fais « rien » ? Comment agir sur le monde si je suis arrêtée ? Et si au lieu d’être physiquement en mouvement, je laissais le monde advenir. Pour être là. Dans le flux, mais arrêtée. Vivre encore. C’est à dire éveillée. Physiquement immobile mais les yeux, les oreilles, les sens ouverts. » Catherine GIER.